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Yan Lindingre, le Canard l’a tué (blast-info.fr)

Le Canard est un de mes animaux favoris. Il est aussi un journal pour lequel j'ai une profonde admiration. Paradoxalement pourtant, ce n'est pas du tout le type de journalisme qui me fait rêver. J'ai toujours exécré ce journalisme de "carnet d'adresses" et de "réseaux", de "dîners en ville" et de messes basses récoltées et vérifiées derrière une assiette ou un bureau. Mais Le Canard (Enchaîné), je l'aime quand même. Pour sa capacité à taper partout et sur tout évidemment. Pour son côté fouille-merdes et son aptitude à dresser de véritables portraits des coulisses de la politique. Mais je l'aime aussi pour son rubricage malin et piquant. Son format et son impression, presque hors du temps. Son refus du numérique aussi (bien que le journal ait fini par céder à une version électronique). Les plumes acides et pinçantes, les coups de becs bien écrits, et même la petite part d'auto-critique (la rubrique "Pan sur le bec"). Enfin j'aime le Canard pour son prix et son modèle économique. C'est bien connu, le Canard et ses sociétaires sont assis sur un tas d'or, qui garantit leur indépendance. Et ça, ça n'a pas de prix. Que le Palmipède n'ait jamais cédé à la folie des grandeurs, j'ai toujours trouvé ça noble.

Du moins, je le croyais. Car Le Canard ne semble pas exempt de petits arrangements entre amis, du même genre de ceux qu'il aime dénoncer. L'affaire Escaro - du nom de l'un des dessinateurs historiques du journal - a révélé qu'il y avait quelque chose de pourri dans la rédaction du Palmipède. Et l'entretien donné par le dessinateur pigiste Yan Lindingre au magazine Blast fait plus qu'écorner le mythe du journal historique. C'est même édifiant. C'est à lire ici.

J'ajouterai que je reste par contre sceptique aux accusations de dérives réactionnaires du Canard Enchaîné. En vérité, non, je ne suis pas sceptique d'ailleurs. Le Palmipède a une rédaction vieillissante, cela est très juste. Le corollaire est évidemment un propos moins en phase avec la réalité et l'air du temps, les préoccupations d'hier n'étant pas forcément celles d'aujourd'hui. Mais le boulot du Canard, ce pourquoi on l'aime (car même les politiques aiment le Canard, s'ils s'y font épingler un jour, ils savent qu'ils pourront y courir six mois plus tard pour balancer un petit "copain" dont ils souhaitent se débarrasser), ce n'est pas de faire du journalisme social ni d'opinion. C'est de décrire ce que les dirigeants du monde moderne font en coulisses. Quant à moi, j'ai toujours pensé qu'il était plus sain de lire L'Humanité et Le Figaro dans une même journée que de biberonner perpétuellement et uniquement au Monde chaque midi. Bien que je n'ai pas une très grande opinion de moi-même ces derniers temps, s'il y a bien un domaine où je me pense encore un tant soit peu intelligent, c'est dans ma capacité à identifier qui me parle. Mes parents puis mes amis d'enfance ont complété le tout en m'éduquant de sorte à ce que j'identifie les quelques torchons qui ne méritent pas que mes mains les effleurent. Ni même que je prenne le soin de les nommer, que ce soit ici ou ailleurs.

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